Le cuir est l’une des premières matières à avoir été utilisée par l’homme de 10 000 à 5 000 ans avant notre ère. Au fil du temps, nous avons mieux réussi à comprendre et à révéler toutes les caractéristiques uniques de ce matériau ancestral et qui pourtant, fait souvent la une de débats passionnés. Entre cuir traditionnel, cuir végétal ou cuir végan, il est difficile pour le consommateur d’y voir clair à l’heure où les considérations environnementales prennent une place majeure dans l’acte d’achat. 

 

Le cuir traditionnel

 

Avant toute chose, il est important de différencier l’industrie du cuir en France et en Europe, - soumis à des réglementations strictes -, d’autres pays comme l’Inde où la Chine dont les normes sont, malheureusement, très éloignées de nos standards sanitaires, environnementaux et sociaux notamment sur les conditions de travail.

 

En France, l’appellation du cuir est encadrée depuis 2010. Selon le Conseil National du Cuir, on peut le définir par « Matière issue de la peau animale, transformée pour être rendue imputrescible ». Le traçage des peaux en Europe est obligatoire et permet de s’assurer qu’aucune peau d’origine UE ne provienne d’un animal élevé uniquement pour sa peau. C’est le cas pour toutes les peaux Fleuron. Cette réglementation est importante car elle assure aux consommateurs que les peaux d’animaux destinées à devenir du cuir sont bien issues de l'industrie agroalimentaire. Il s’agit d’un processus global de revalorisation de la matière qui permet de réduire le gaspillage. L’industrie de la maroquinerie récupère ainsi les peaux pour en faire des objets du quotidien. En Europe, les tanneries sont soumises à des normes européennes exigeantes et à des contrôles réguliers qui limitent au maximum les risques sanitaires et environnementaux.

 

Les attraits principaux du cuir animal résident dans sa noblesse et ses qualités reconnues depuis des siècles : résistance, authenticité et de durabilité dans le temps. Un cuir sera toujours plus beau si l’animal a été bien traité au cours de sa vie et s’il est confectionné dans les règles de l’art. Bien entretenu, le cuir peut avoir une grande durée de vie et se transmettre de génération en génération avec une durabilité très supérieure à du cuir synthétique.

 

Contrairement aux idées reçues, le cuir se répare et se recycle. Les chutes de cuir notamment, permettent de créer de nouveaux objets à partir d’une même peau, ce qui allonge la durée de vie des produits dans une logique vertueuse.  

 

Le cuir à tannage végétal

 

Le cuir à tannage végétal est un cuir animal dont la technique de tannage utilisée (transformation de la peau de l’animal pour la rendre imputrescible) est dite « végétale ». C’est la méthode de tannage la plus ancienne. Au lieu d’utiliser des produits chimiques comme le sel de chrome ou d’aluminium, dont l’usage est, rappelons-le, très encadré, le tannage végétal utilise plutôt des produits végétaux comme des écorces, des racines ou autre minéral. Cependant, ce processus est plus gourmand en eau, plus long à réaliser, plus coûteux et limite la palette de teintes possibles. Chez Fleuron, pour une partie de notre collection, nous optons pour un tannage « mixte », qui allie le meilleur des deux techniques : la résistance et l’aspect naturel de la peau.

 

Le cuir végan


De plus en plus plébiscité par de grandes marques, le « cuir » végan est un textile de synthèse qui souhaite reproduire les qualités du cuir traditionnel en utilisant divers procédés. Il ne s’agit donc pas d’un vrai cuir puisqu’il n’a pas une origine animale. 


Le cuir traditionnel est-il vraiment en passe d’être remplacé ?


Revenons d’abord à la définition du « véganisme » : il s’agit d’un mouvement engagé et d’un mode de vie qui boycotte tout produit animal dans tant la consommation alimentaire, cosmétique que vestimentaire.


Il existe deux types de « cuirs » dits « végan » : un « cuir » de fibres naturelles ou le « cuir » synthétique (simili cuir). Le premier, peut être créé à partir de liège, de chanvre, de fruits (l’ananas est le plus célèbre), de lin ou encore de coton. Le second, est composé de fibres en plastique pétrochimique mais reste techniquement considéré comme « cuir végan » puisqu’il n’est pas issu d’animaux.


Si la première alternative semble prometteuse, ces matériaux ne peuvent pas, à l’heure actuelle, produire un objet de façon 100% naturelle, leurs performances étant limitées par rapport au cuir traditionnel. Pour qu’un sac à main en fibre naturelle résiste dans le temps, il a besoin d’être recouvert d’une pellicule de polyuréthane (PU), qui est une matière synthétique contenant du plastique non recyclable et non biodégradable avec des effets délétères sur la santé et l’environnement. Paradoxalement, les “cuirs” végan peuvent avoir un impact sur les animaux à cause des déséquilibres polluants provoqués par la pétrochimie (besoins en énergie fossile et en production d’eau plus importants).


Cette réalité est pourtant en opposition avec les valeurs que véhiculent ce type de matières, d’un mode de vie écologique et responsable. Certains acteurs de la mode surfent sur l’ambiguïté créée pour vendre des produits d’apparence « éthiques ». La raison principale d’acheter du « cuir » végan à l’heure actuelle réside plutôt dans la conscience engagée de ne pas porter de produits animaux que de considérations environnementales. Les produits n’étant pas recyclables, ils ont un cycle de vie et une qualité moindre dans le temps que le cuir authentique, et peuvent parfois être considérés comme « jetables » car difficilement réparables. L’appellation « cuir végan » prête finalement à confusion pour le consommateur.


Transparence et sourcing : l’essence de la durabilité


Pour Fleuron, maison slow fashion de Haute Maroquinerie, ce qui était important pour nous dans le choix de nos matières, c’était avant tout la durabilité dans le temps et ce qu’il adviendra du produit. Le cuir est incomparable dans l’expérience sensorielle qu’il suscite, dans sa résistance et dans sa qualité à long-terme. Pour nous, il s’agit avant tout de revenir à l’essentiel en travaillant avec des partenaires qui partagent nos valeurs d’intransigeance, de transparence et de durabilité.


Nous sommes convaincus que le cuir traditionnel connaîtra encore de grandes avancées dans les années à venir et ne pouvons qu’encourager la filière à développer de nouvelles alternatives toujours plus vertueuses, pour un monde plus durable.